La lampe philosophique, René Magritte, 1936
Nous l’avons tous constaté. Durant ces deux dernières années, la parole scientifique s’est déversée dans les médias de façon surabondante et chaotique, donnant un triste spectacle d’elle-même.
Nivellement
Les éditorialistes et journalistes ne semblent pas avoir été en mesure de hiérarchiser les paroles scientifiques. Aucune différence entre l’avis d’un médecin généraliste et celui d’une sommité mondiale en matière de virus, entre l’opinion d’un jeune réanimateur et le point de vue d’un grand scientifique expérimenté spécialiste du sujet etc... Quasiment aucun effort non plus pour identifier les liens d’intérêts de tels ou tels intervenants médicaux, malgré l’obligation déclarative légale et les énormes enjeux financiers pour l’industrie médicale. Pour peu que la personne soit un bon client pour les médias, un beau parleur, elle se voyait propulser « médecin de plateau » donnant son avis à tort et à travers, se riant de spécialistes bien plus qualifiés sous l’œil complaisant des animateurs de débat télévisé.
Pensée unique
Ce contexte de nivellement et d’effacement de la hiérarchie a faussé le débat scientifique et permis l’émergence d’une pensée unique conforme à la politique sanitaire gouvernementale. Des médecins de plateau consensuels détaillaient le bien fondé des décisions de l’État tandis que les voix scientifiques discordantes étaient qualifiées d’hérétiques ou d’irresponsables. De nombreux médias se faisaient porte-paroles du ministère de la Santé, leurs éditorialistes revêtant les habits d’apôtres d’un dogme scientifique officiel. Un tel traitement de l’information favorisant une pensée unique relève d’une grande ignorance quant au processus de recherche de la vérité scientifique, lequel se nourrit de la contradiction, d’une confrontation avec les données réelles, de l’évolution constante de la situation. Ce traitement biaisé relève également d’une grande méconnaissance de la manière dont les avis scientifiques peuvent être influencés par des lobbies, des entreprises, des gouvernements.
Confiscation du débat scientifique
Le nécessaire débat scientifique a donc été confisqué. Le ministère de la Santé s’est autoproclamé ministère de la Vérité tandis que les grands médias n’ont pas joué leur rôle de serviteurs de l’Information. De nombreux scientifiques se sont inscrits dans ce processus de pensée unique prétendant à un consensus scientifique généralisé qui n’existait pas en réalité. Par exemple, de toutes nouvelles technologies de vaccination appliquées de façon massive ne peuvent raisonnablement pas susciter d’emblée un consensus scientifique total et sans nuances. La recherche de vérité, laquelle se trouve souvent dans la subtilité, dans l’adaptation au réel et non dans l’idéologie, requiert un débat. Si la sphère politico-médiatique n’offre pas les conditions de ce débat scientifique, celui-ci se propage par des biais alternatifs et non régulés semant la discorde au sein de la société, le conflit, la division, la radicalité des points de vue. Nous avons un besoin crucial d’une parole scientifique solide, qu’il s’agisse du domaine médical ou de l’environnement, de la technologie, de la psychologie…
Les scientifiques ont leur part de responsabilité dans cette dévalorisation de leur parole. En tant que serviteurs de la recherche de vérité, ils doivent mesurer la portée de leurs mots et ne jamais perdre de vue l’ouverture d’esprit, l’humilité face à la contradiction et au réel.
Voici donc une proposition à mettre en œuvre pour sanctuariser la parole scientifique et contribuer à restaurer un lien de confiance aujourd’hui abîmé entre les citoyens et les scientifiques :
Création d’un Registre National de la Parole Scientifique
Toute personne se prévalant d’une autorité scientifique (médecin, chercheur etc.…) et intervenant dans un média verra son intervention consignée dans ce registre.
Ainsi, toute parole scientifique sera enregistrée dans ce registre public. Les conflits d’intérêt de chaque intervenant y seront également inscrits et accessibles.
Pour un intervenant donné, il sera donc aisé d’accéder à l’intégralité de ses interventions qui feront partie intégrante de sa carrière professionnelle.
Ce registre permettra de sanctuariser la parole scientifique et de responsabiliser les intervenants prenant la parole sur un média public et se prévalant d’une autorité scientifique. Assurément, cela conduira à des paroles mieux maîtrisées, mieux réfléchies. En cas de conflit d’intérêt avéré ayant conduit à de la désinformation publique, la responsabilité des personnes pourra être étudiée grâce à ce fichier.
Ce registre pourrait même être créé de manière rétroactive depuis le début de cette crise sanitaire.
Découvrez les autres parties du texte, en cliquant:
1. Sanctuariser la parole scientifique
2. Encadrer strictement le lobbying
3. Restaurer la liberté journalistique
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